Supprimons la succession

Dans le Mariage de Figaro, Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais fait dire à son personnage principal, le valet Figaro dans le second monologue de la pièce (Acte V scène 3) une phrase qui me trotte dans la tête depuis mon BAC français et que je trouve extrèmement juste.

Je le cite:

Parce que vous êtes un grand seigneur, vous vous croyez un grand génie!... Noblesse, fortune, un rang, des places, tout cela rend si fier! Qu'avez-vous fait pour tant de biens ? Vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus. Du reste, homme assez ordinaire; tandis que moi, morbleu! perdu dans la foule obscure, il m'a fallu déployer plus de science et de calculs pour subsister seulement, qu'on n'en a mis depuis cent ans à gouverner toutes les Espagnes

Et la suite de ce monologue terrible coup de butoir contre le pouvoir en place qui ressemble tellement au pouvoir d'aujourd'hui. Un pouvoir coupé du peuple, un pouvoir de nantis pour nantis

Je cite:

Il s'élève une question sur la nature des richesses; et, comme il n'est pas nécessaire de tenir les choses pour en raisonner, n'ayant pas un sol, j'écris sur la valeur de l'argent et sur son produit net : sitôt je vois du fond d'un fiacre baisser pour moi le pont d'un château fort, à l'entrée duquel je laissai l'espérance et la liberté. (Il se lève.) Que je voudrais bien tenir un de ces puissants de quatre jours, si légers sur le mal qu'ils ordonnent, quand une bonne disgrâce a cuvé son orgueil ! Je lui diraisÉ que les sottises imprimées n'ont d'importance qu'aux lieux où l'on en gêne le cours; que sans la liberté de blâmer, il n'est point d'éloge flatteur; et qu'il n'y a que les petits hommes qui redoutent les petits écrits.

C'est pourtant clair. L'homme n'a la place qu'il mérite qu'aux forceps de la méritocratie. Et la méritocratie fonctionne si et seulement si il y a égalité de situation de départ. Il est évident que l'héritage, tradition passéiste aristocratique que Beaumarchais pourfend avec virulence est un terrible frein à la méritocratie. Nous ne pouvons pas subir plus longtemps l'indigence de ce système hyppocrite qui recrée une aristocratie bourgeoise. Ces Dassault, Leclerc, Seillière, Sarkozy, Poniatowski, Giscard D'estaing...; ces 200 familles qui nous pourissent la vie sont à abattre en mettant fin à l'héritage, ce système inégalitaire. Il est insupportable de voir un Debré remplacé un Debré, un Rotschild remplacé un Rotschild, un Dassault un Dassault, un Leclerc un Leclerc etc... Le seul et unique moyen, c'est de lutter contre cette société qui freine le mouvement sur l'échelle social.

Oui je me rend compte que je suis totalement à contre-courant de la société française, du monde entier peut-être. Mais n'est-ce pas Beaumarchais encore qui disait qu'il avait raison seul contre tous? Et pourquoi aujourd'hui n'aurai-je pas raison seul contre tous?

Comments

[abadinte]

C'est tout simplement anti-libéral puisque ça ne donne pas l'égalité et c'est une tare de l'Ancien Régime qu'il faut supprimer afin d'arriver à l'égalité réel.
Le monologue de Figaro est pourtant éloquent! Seul ce que tu fais doit te donner le mérite de ta position et non pas ce que tes ancêtres ont fait.

[contrario]

Je ne pense pas que les abeilles soient "éduquées" par leurs parents.
Mais revenons aux hommes, pourquoi retirer à un homme inculte, mais qui a réussi à accumuler des richesses, le droit de protéger ses enfants après sa mort, en leur transmettant cette richesse ; et ne pas retirer le droit à l'intellectuel la possibilité de transmettre son savoir, également pour protéger l'avenir de ses enfants ?

[abadinte]

Ca va à l'encontre du but de l'animal qui est de se reproduire et d'éduquer ses enfants.

[contrario]

et ne pas interdire complètement toute forme de transmission à ses enfants? Dans une méritocratie, la transmission du savoir et de la culture par les parents n'est elle pas aussi une source d'inégalité ? (cf taux de réussite des enfants d'enseignant dans les concours)