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Blog d'un jeune social-démocrate ouvert sur le monde
6 septembre 2007

Un dimanche chez les Gracques

J'étais donc dimanche 26 août à l'université d'été des Gracques. Cette université d'été est un événement assez bizarre pour moi. Je dois bien dire que je n'ai pas vraiment eu d'affinités avec les Gracques lorsqu'ils ont lancé leur appel à l'union avant le premier tour entre la gauche et le centre. Non pas que l'appel à cette alliance me soit contrariante mais tactiquement, stratégiquement, médiatiquement cet appel était une erreur monumentale. Je ne conçois pas la politique de la même manière que les Gracques. Quand on choisit une candidate même si c'est une erreur, on ne joue pas contre elle mais avec elle. Et décidément, les Gracques ont préféré jouer contre elle. Et même si finalement Ségolène Royal s'est ralliée à leur proposition, mais après les avoir traité de tous les noms elle a réussi à les liguer contre elle et à apparaître aux yeux des Français comme une personne ne sachant pas ce qu'elle veut. L'aliénation que les Gracques ont imposé à la candidate est la cause de ce sentiment.

Que nous proposent donc les Gracques?

Les Gracques nous proposent une modernisation totale du Parti Socialiste. Par modernisation, les Gracques parlent de l'acceptation du libéralisme comme théorie politique, économique et philosophique du Parti Socialiste. C'est drôle tout de même vu que je m'étais intéressé il y a peu au terme libéralisme. Leur vision du monde est la suivante: le monde vit dans un monde libéral et capitaliste. Vouloir lutter contre le capitalisme est un non-sens total, vouloir lutter contre le libéralisme est une lutte perdue d'avance. Il vaut mieux être un insider et utiliser les armes du libéralisme pour lutter contre les inégalités inhérentes au libéralisme. Et c'est pourquoi les interventions de l'Etat sont souhaitées à condition que ce ne soit pas négatif pour la bonne marche des marchés. Ainsi, lorsque Ségolène Royal donne le précepte des socialistes rhénan le jour d'avant à Melle « le marché autant que possible, l'Etat dès que possible », elle annonce un précepte absolument libéral qui colle parfaitement à la peau des Gracques. Le marché doit faire fonctionner tous les marchés où la concurrence peut jouer et l'Etat n'est là que pour s'assurer que le marché n'est pas vicié et pour prendre en main les marchés où il ne peut pas y avoir de concurrence. Mais bien entendu, Ségolène Royal l'annonce dans le flou alors que les Gracques sont clairs, nets et précis. Un discours de vérité sans faux-semblant face à une Royal évasive. Comme d'habitude devrions-nous dire...

Ségolène Royal justement a été le coeur même de l'ensemble des interventions des invités des Gracques. Je rappelle si ce n'est pas déjà fait que l'Université d'été portait sur les raisons de la défaite. Autant dire que la défaite est autant programmatique, sociologique que politique. Elle est programmatique car le programme de Royal n'était ni réformiste, ni novateur, ni ambitieux. Elle est sociologique car nous n'avons jamais parlé aux vieux. Elle est politique car Royal n'a jamais voulu faire de choix lorsqu'il fallait en faire: palestinienne en Palestine, libanaise au Liban, israelienne en Israël et dictatoriale en Chine. Un président décide, la France décide qui doit décider pour elle. « La France présidente » c'est un « désir d'avenir » peu enthousiasmant pour les Français. Ca voudrait dire que leur décision d'élire Royal serait un non-choix puisque ce ne serait pas elle qui déciderait pour la France mais la France qui déciderait pour elle. Bref, son slogan était en grattant un peu: rendons le président inutile. Et ça, les Français n'en voulaient pas. Les Français voulaient que leur vote soit utile et donc un président actif qui serait en rupture avec Chirac le pantouflard. C'était en effet la seule perspective d'avenir que proposait les deux principaux candidats. Julie Coudry dans son intervention l'a très bien souligné et que je restitue de mémoire: « le début de la campagne avait apporté l'espoir que cette élection parlerait de quel futur nous voulions pour la France, résultat il n'y eut que des slogans creux et aucune espérance dans le programme de la droite comme de la gauche ». Retour aux années 80, No future.

Pendant l'Université des Gracques, un point de rénovation m'a semblé essentiel: le syndicalisme. Le syndicalisme doit être libre. Libre de toute contingence politique. Les décisions que les syndicats prennent doivent être admises aussi bien par le gouvernement que par l'opposition. C'est cette liberté qui doit être développé. C'est en donnant de la crédibilité au mouvement syndical que le syndicalisme se portera mieux. Le politique ne doit donc pas interférer dans leurs décisions. Cette liberté doit aussi s'accompagner de plus grands liens entre partis et syndicats comme ce qui se passait pendant cette université d'été. Deux grands présidents syndicalistes parlaient entre de grandes personnalités politiques françaises comme Alain Bergounioux et Michel Rocard ainsi que des grandes personnalités politiques européennes tel Jorje Semprun, Anthony Giddens, Peter Mandelson ou Walter Veltroni. C'est ça aussi la sociale-démocratie que je souhaite de mes voeux. Et c'est certainement en ce point précis que je rejoins le plus les Gracques.

Pour ce qui est du libéralisme, je me considère certes comme un libéral politique et philosophique. Sur l'économie, je ne suis pas libéral. Je ne suis pas anti-libéral. Je me considère plus comme un pragmatique. Une politique peut fonctionner à un moment t et ne pas fonctionner à t-1 ou t+1. Croire que le dogme du libéralisme n'est que la voie possible est un mensonge flagrant, croire que tout ce qui vient de la théorie économique libérale est mauvais pour l'économie est faux. Et même les antilibéraux le savent sinon ils ne porteraient pas à bout de bras la plus célèbre thèse libérale des années 90 avec la taxe Tobin!

Nota Bene : Ha et pour contrer tous les boulets qui se lèveraient contre ses hauts fonctionnaires/banquiers, ce n'est pas le métier qui fait la qualité d'un homme. Sinon que penser d'une personne qui a toujours été rémunéré soit par l'Etat soit par le parti?

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Commentaires
C
Bonjour, <br /> <br /> Au hasard de ma balade sur la blogsphére, me voici sur ton blog. Découvrant un militant,non seulement, plein d'interrogations quand à l'avenir à proposer pour la gauche et l'europe de demain mais qui plus est cherche quelles solutions mettre en place.<br /> <br /> Certe, l'assemblée des Gracques, de part ses representants ou l'allure qu'ils se donnent à une image Gauche-Caviar ! Mais cela ne les empechent en aucun cas d'avoir une vision assez juste du monde tel qu'il est aujourd'hui de par leurs experiences au pouvoir..et quelques idées sont à reprendre et à mixer avec d'autres propositions de courants internes dit opposés. Pour moi l'avenir du socialisme français passera par l'ouverture d'esprit en respect de l'Humain dans son individualité et sa diversité ( ce que ne fait pas N.Sarkosy qui s'arrete à l'ouverture).<br /> <br /> En tout cas, c'est ce liberalisme d'esprit que je retrouve sur ton blog et j'y repasserai régulierement<br /> <br /> Camille COLNAT<br /> <br /> www.cacolnat.canalblog.com
A
A lire...<br /> <br /> http://www.jean-luc-melenchon.fr/article/blogview/268/1/1
G
On écrit Jorge Semprun je crois. Sinon comment se passe ton retour dans le sud sarkoziste ?
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