Quelle orientation pour le Parti Socialiste?
La semaine dernière la débandade de notre "ami" Romano Prodi est tombé comme un cheveux sur la soupe pour une partie du Parti Socialiste. En effet, certains leaders socialistes promeuvent une alliance "à l'italienne" qu'il faut comprendre par une alliance arc-en-ciel allant des néo-trotskistes au centre-droit. Avant de voir débarquer mes amis mélenchonistes ou fabiusiens qui pourraient croire que j'estime que Prodi est de centre-droit, je confirme que j'utilise le terme de centre-droit à escient. C'est-à-dire l'UDEUR, un parti anciennement allié à Silvio Berlusconi, faisant parti du Parti Populaire Européen (dans lequel on retrouve les conservateurs de l'UMP, du CDU d'Angela Merkel, Forza Italia de Silvio Berlusconi ou le Parti Populaire Conservateur danois allié objectif avec l'extrème droite danoise). Cette coalition basée sur l'idée louable de virer Silvio Berlusconi n'aura donc pas fait long feu. Pour l'UDEUR, ça commencait à puer. Une politique de gauche est dure à avaler pour un parti de droite. Petite aparté non sans malice, une politique de droite ne semble pas aussi dure à avaler pour des "personnalités" de la gauche française.
Cette aparté me permet donc de revenir à la France. Ces leaders du Parti Socialiste pronant l'alliance arc-en-ciel se retrouvent dans l'impasse. Comment proner une alliance qui capote? En le faisant plus fort! Et c'est ainsi que Ségolène Royal, Julien Dray, Jean-Louis Bianco ou Vincent Peillon continuent à appeler à une alliance de Besancenot (donc le trotskiste français) à Bayrou ( le démocrate-chrétien) en passant par Bové (l'altermondialiste) et Chevênement (le souverainiste de gauche). Car bien entendu, leur conclusion est que la chute du gouvernement Prodi «la condamnation d’un système type IVe République». IVeou VIe République telle est la question que les anciens amis de l'apôtre de la VIe République, Arnaud Montebourg, essaient d'évacuer de leurs contradictions. Mais cette orientation politique n'est pas viable et mènerait droit dans le mur. L'important phénomène qu'est la chute du gouvernement Prodi confirme ce que je pense depuis longtemps. Ces personnalités politiques se trompent.
Il semble d'ailleurs que je ne sois pas le seul à estimer que cette alliance n'est pas la bonne. Libération dans un article datant du 30 janvier cite un fabiusien : «le modèle Arc-en-ciel d’indifférenciation politique est un échec piteux. Comme le disait Arafat, à propos de la charte de l’OLP, c’est caduc. Le modèle de reconstruction doit être le grand parti de la gauche.» En effet, cette partie du Parti Socialiste se propose de refonder le Parti Socialiste en intégrant les communistes de Marie-Georges Buffet, les souverainistes de gauche de Jean-Pierre Chevênement, le Parti Radical de Gauche de Christine Taubira et bien entendu Les écologistes de Dominique Voynet. Ce serait donc une gauche plurielle au sein du Parti Socialiste. Faire l'UMP de gauche. Cette proposition n'est pas dénuée de sens. Mais car il y a un mais cette situation est un peu celle que nous vivons depuis de nombreuses années. Le RPR (UMP) et le PS sont ces grands partis hégémoniques qui trustent les élus. Et cette hégémonie amène l'émergence de forces extrêmes: l'extrême droite en 2002, l'extrême gauche en 2002-05 (la grande mouvance altermondialiste), l'extrême centre en 2007. S'il doit y avoir une refondation de la gauche sous un seul parti, il faudra que certains acceptent les sociaux-démocrates et que les sociaux-démocrates acceptent les souverainistes. Une sorte de mission impossible donc.
Il existe encore d'autres solutions pour l'orientation politique du Parti Socialiste. Mélenchon prône pour une vision allemande de la gauche. Il serait le héros de la gauche de Mélenchon à Besancenot où Jean-Luc Mélenchon serait le Oskar Lafontaine, le leader allemand, ancien ministre de Gerhard Shroeder qui a rallié à sa cause l'ensemble des mouvances à la gauche du SPD. Cette position est paradoxalement celle prônée par Michel Rocard qui espère voir dans la scission entre première et deuxième gauche la fin de l'ère d'Epinay conçue par François Mitterrand, son grand ennemi. Il espère que les sociaux-démocrates prennent enfin le pouvoir au sein du Parti Socialiste et donne une nouvelle ambition plus progressiste (terme dévoyé par Eric Besson). Cette nouvelle orientation est possible. Mais si ça arrivait, ce serait certainement au final une défaite pour la gauche. J'avoue la souhaiter dans des moments de désespoir et l'exercer quand l'optimisme reprend le dessus.
Enfin dernière voie pour une nouvelle orientation serait un basculement de l'alliance que nous connaissons actuellement. En gardant l'alliance de la gauche plurielle, le but serait de s'allier aux centristes au lieu de s'allier avec les communistes. Pragmatiquement, le but serait de faire passer le centre à gauche et de laisser tomber un parti qui électoralement ne vaut plus grand chose. Cynique? Un peu. Choisir un nouvel allié parce qu'il fait un meilleur score est un peu cynique. Heureusement pour les tenants de cette alliance, il y a autant de points de convergence entre le Modem et le Parti Socialiste que le Parti Socialiste et le Parti Communiste. Le fait que ça coince pour ceux qui préfèrent l'alliance avec le PCF, c'est que ce ne sont pas toujours pour ne pas dire quasiment jamais les même points. On retrouve d'ailleurs cette divergence dans l'orientation développée juste au-dessus. Cette orientation serait celle qui aurait ma préférence aujourd'hui. Le tout est de savoir si le MoDem est capable de devenir un allié objectif de la gauche et accepter aussi de s'allier avec nos alliés que sont les Verts et le PRG.
D'autres orientations politique pour le Parti Socialiste? Peut-être. Mais la question des alliances est primordiale car elle est déterminée par l'ensemble du corpus idéologique du Parti Socialiste.