L'interview de Benoit Hamon par des blogueurs
Après l'interview de Ségolène Royal par des blogueurs, c'est Benoit Hamon qui joue le jeu de l'interview par des amateurs plutôt professionnels.
Organisé en lien avec Valerio Motta qui s'est occupé de la refonte du blog de Benoit Hamon, l'interview a été de très bonne facture. Comme prévu, les sujets abordés ont été très européens du fait de la situation actuelle et du mandat du député européen. Nous nous sommes aussi penchés sur le Parti Socialiste et son manque d'offensive envers l'entreprise et du futur Congrès.
Je dois dire que je ne suis pas étonné d'entendre Benoît Hamon dire ce que je pense sur l'Europe et apporter des précisions qui peuvent être très utiles pour ceux qui, comme moi, ne savent pas tout. Ainsi, il confirme qu'il rejette le fait d'imposer à nouveau un referundum aux Irlandais sur le Traité de Lisbonne "car on ne change par la règle du jeu en cours". Mais il ne se voile pas la face, il explique entre autres que les Irlandais étaient le pays le moins-disant en terme de fiscalité au sein de l'Union Euopéenne mais que l'arrivée des nouveaux pays de l'Est ont pris le parti des Irlandais en les concurrençant sur le moins-disant fiscal ce qui a motivé en partie leur non. Mais pour lui "peu importe qui vote, c'est le résultat qui compte". En d'autres termes, ce n'est pas parce que le vote Irlandais xénophobe c'est mélangé en grande partie au vote d'une gauche refusant une européanisation basée uniquement sur le tout économique qu'il faut cracher dessus. Le résultat est là : le traité de Lisbonne est de facto mort.
Sur la question de la directive Retours, Benoit Hamon nous apprend beaucoup sur la raison qui a poussé les Socialistes espagnols et certains allemands à voter pour. En fait, en Espagne et en Allemagne, il n'existe pas de temps de rétention maximum pour les sans-papier qui sont renvoyés dans leur pays et ils se sont dit qu'il valait mieux dix-huit mois que rien. Bref, pas une logique très socialiste. En Europe désormais, les pays pourront aller jusqu'à dix-huit mois. Et Nicolas Sarkozy pourra faire passer facilement le temps de rétention de 32 jours aujourd'hui à 534 jours et enfermer des bébés dans des prisons.
Vu la vitesse de l'échange, je n'ai malheureusement pas pu lui poser la question qui est sur toutes les lèvres depuis le vote des socialistes espagnol et allemand. Comment pouvons-nous nous allier avec des gens qui ont voté pour cette directive honteuse. Peut-être aurais-je une réponse autrement.
Néanmoins, il a répondu vigoureusement à une remarque de Vogelsong sur la sortie d'Evo Morales et d'Hugo Chavez qui ont promis de couper les vannes du pétrole à ceux qui appliqueraient la Directive Retours. Or Bolivie comme Venezuela n'exportent pas leur pétrole en Europe. Par ailleurs, Benoit Hamon souligne qu'ils feraient mieux d'être plus virulents envers les Etats-Unis qui adoptent le même type de lois et avec qui ils font commerce de leur pétrole. Bref, ce sont les défenseurs des libertés uniquement de façon rhétorique sur ce coup-là... Mais il rappelle par ailleurs qu'Hugo Chavez lui au moins ne fait pas revoter un referundum si le résultat lui est défavorable en faisant résférence à certains politiques européens souhaitant voir les Irlandais revoter. Oui, c'est une charge contre Nicolas Sarkozy qui veut faire revoter l'Irlande sur le traité de Lisbonne.
D'autres questions ont été posé par mes camarades présents Martin, Valerio, Vogelsong, Jonathan, Luc, Nathaniel, Richard Ying (le photographe) Fabien-Pierre Nicolas qui auront fait leur compte-rendu. Et je reviendrai bien entendu très rapidement sur les autres thématiques.