Les croix gammées et l'extrème-gauche
Alors que j'étais ce matin dans Paris descendant au métro Pont-Marie situé sur la rive droite de la Seine et que je me dirigeais vers la rue de Rivoli, je croisais entre l'allée des Justes et de la rue du pont Louis-Philippe* quelque chose qui retint mon attention. En effet, à cet angle même, un autocollant avait été collé sur la plaque de l'allée des Justes. Rien de bien méchant me dirait vous. C'est bien vrai. Il n'y a rien de méchant à coller un autocollant sur un mur parisien. Ce qui retint mon attention était aussi cet homme en train de prendre en photo ledit autocollant sur la plaque. Témoignage d'une vie parisienne par un photographe amateur? Trophée de l'homme ayant collé l'autocollant? Journaliste rapportant un fait? Je n'en sais rien. Cet autocollant noir sur fond jaune canard accolé sur le panneau de l'allée des Justes appelait à la paix à Gaza et à la politique israelienne. Liberté d'expression, soit.
Je dois vous avouer que mon premier sentiment a été envers une partie de ma famille sauvée par des Français, des Justes. Ne comprenant pas l'amalgame que pouvaient faire ces personnes dans leur confort parisien entre des hommes et des femmes ayant sacrifié leur vie pour la liberté contre des personnes qui sacrifient leur vie contre la liberté, je trouvais l'analogie entre ces deux situations terriblement insultante envers la mémoire des Justes. En somme, c'était un type acculturé qui avait gardé des autocollants de ses manifestations pour la victoire du Hamas en compagnie des Besancenot et autres mouvements d'extrèmes gauche et qui s'était amusé à les coller un peu partout en ville.
Ce soir, en rentrant chez moi, j'avais oublié cet épyphénomène. Et puis en parcourant la presse comme il m'arrive de le faire quotidiennement, je suis tombé sur cet article : "Une croix gammée découverte sur une annexe du Mémorial de la Shoah". Et là, la lumière fut**. Le IVème arrondissement, c'est bien là que j'étais. Ou pas très loin. Après une rapide vérification, je me rendis compte que l'annexe se trouvait rue Geoffroy-l'Asnier, rue perpendiculaire à l'allée des Justes. Et c'est ainsi que cet épyphénomène devient un phénomène inquiétant. Si les mouvements d'extrème-gauche ou leurs sympahisants se mettent à dessiner des croix gammées, si des Dieudonné et des Soral sont allés de l'extrème-gauche à l'extrème-droite, si les listes euro-palestine étaient composées de personnes des deux extrèmes, alors l'antisionisme de l'extrème-gauche (nda : le sionisme est un mouvement de gauche) rejoint l'antisémitisme de l'extrème-droite.
Verrons-nous à nouveau une poussée de fièvre contre les français juifs?
* Je vous conseille d'ailleurs d'aller dans cette allée piétonne pour voir les noms de ces Justes de France, vous trouverez non loin une vieille église qui vaut le détour d'être vu... au moins de l'extérieur.
** Dédicace à Ophélie Winter