Les contributions socialistes sur l'Europe : le fonctionnement démocratique de l'Europe
Suivant le constat de la crise européenne et que l'Europe doit protéger les Européens, les Socialistes mettent en avant plusieurs propositions. Après s'être intéressé aux problématiques de la Banque Centrale Européenne et des fonds souverains, de l'harmonisation fiscale et sociale et des grandes politiques de L'Union Européenne, il faut désormais s'intéresser à l'Europe démocratique.
Malgré les divisions face au traité instituant une Constitution Européenne (TCE), les socialistes sont tous d'accord sur le besoin d'une Europe plus démocratique. Jean-Luc Mélenchon part sur le constat que "l’Europe est d’abord malade de son manque de démocratie. Le diagnostic n’est pas nouveau. Mais il s’aggrave avec l’élargissement non maîtrisé à 27 Etats membres. Déjà antisociale dans ses politiques, a‐démocratique dans ses procédures de décision, l’Union européenne a désormais une pratique autoritaire de la souveraineté limitée des peuples des pays membres." C'est pourquoi Pierre Larrouturou milite pour "un système parlementaire". Pierre Moscovici est prolonge cette réflexion pour "des institutions plus fédérales et parlementarisées." Et la contribution Besoin de gauche revient sur "le non irlandais [qui] confirme, pour ceux qui ne l’avaient pas encore compris, le danger que fait courir à l’Union européenne le déficit démocratique dans lequel elle ne cesse de s’enliser. Le Parti socialiste doit, avec la gauche européenne, proposer rapidement des institutions plus fédérales et plus parlementarisées. Sans cela, l’objectif fondamental de l’harmonisation sociale et les avancées dans les domaines de l’environnement, de l’énergie, de la défense, etc. relèveront du vœu pieux, quand ce n’est pas de l’hypocrisie." Pour Ségolène Royal, "l’Europe a besoin de s’incarner. Cela veut dire, par exemple, des référendums simultanés qui permettraient de vivre une expérience partagée et une campagne commune dont les leaders iraient, d’un pays à l’autre, parler ensemble à la télévision et exprimer au nom de leur parti (PSE, PPE, etc.) une unité de vue déclinée dans toutes les langues nationales." La première signataire de Combattre et proposer souhaite "créer un débat sur l’avenir de l’Europe par la d’un véritable référendum européen, s’adressant directement aux peuples des 27 États-membres." Concrètement, la présidente du Conseil Régional de Poitou-Charente veut "changer le mode de scrutin des élections européennes, avec des circonscriptions européennes et un vote pour les partis européens (PSE/PPE…)." Martine Aubry aussi estime que "nous devons poursuivre notre quête d’une Europe plus démocratique dans ses institutions comme dans son fonctionnement. Appelons à un véritable grand parti socialiste européen. Renforçons le lien avec les pays amis. Organisons de grandes campagnes des socialistes européens sur quelques uns de nos objectifs qui touchent particulièrement les citoyens." Gérard Filoche voit une autre réponse aux problèmes démocratiques. "Nous sommes favorables à l’élaboration démocratique d’une Constitution européenne, mais par les peuples eux-mêmes, par une Assemblée constituante européenne élue au suffrage universel. C’est ce que nous devons défendre aux élections européennes de 2009." Et il fait voeu que "L'Union européenne doit devenir une démocratie à part entière, respectant la séparation des pouvoirs, avec un Parlement élu au suffrage universel direct, doté de tout le pouvoir législatif : l’initiative et le vote des lois et du budget, l’investiture et la censure du gouvernement européen. Il aura alors les moyens d’encadrer le marché unique, d’édifier un droit social européen et d’harmoniser la fiscalité." Marie-Noëlle Lienemann est sur la même longueur d'onde. "Seule une réorientation profonde de la construction communautaire permettra de réconcilier l'Union et les citoyens. Ce ne sont évidemment pas les questions institutionnelles qui mobilisent les électeurs contre les textes qui leur sont soumis (quand ils le sont), ce sont les politiques européennes. " La première signataire de la contribution Changer! propose de rechercher des "éléments communs pour une plateforme européenne entre les partis regroupés au sein du PSE et ceux qui siègent dans la « gauche unitaire européenne »"
Dans le besoin de plus de démocratie, Frédéric Léveillé se propose de défendre le respect des directives européennes qui sont l'émanation de la démocratie européenne actuelle. Ainsi "La France a refusé de transcrire en droit interne la nécessité de mener des actions déterminées pour lutter contre les discriminations de toutes natures. Nous estimons utile de transcrire intégralement les directives européennes et de s’appuyer sur elles pour faire vivre réellement le pluralisme et le métissage de notre pays aujourd’hui."
Sur la méthode européenne, les Socialistes français portent un regard constrasté. Ils sont d'accord pour que l'Europe avance par cercle réduit visant à montrer la voie mais certains ne veulent pas d'une Europe avançant par cercle. Ainsi Martine Aubry exhorte les socialistes : "acceptons des pas décisifs, même modestes, qui vont dans le bons sens plutôt que la seule critique à l’extérieur qui conduit aujourd’hui à la régression. Toutes les bonnes volontés sont à prendre et si quelques Etats-membres veulent aller plus loin que les autres, n’hésitons pas à les encourager ! Rien ne serait pire que l’immobilisme total. Car si le droit n’avance pas, c’est toujours le marché qui gagne ! C’est dans la pratique bien plus que dans la théorie que l’Europe convaincra." Pierre Moscovici pense que "même si cette évolution nécessite de créer un noyau restreint d’Etats déterminés à aller de l’avant vers des Etats-Unis d’Europe, le Parti socialiste doit reprendre l’initiative. Il renouera ainsi avec la culture profondément européenne qui fut longtemps la sienne." Gaëtan Gorce est d'accord : "il faut relancer l’Europe par des projets politiques, sur l’immigration, la politique agricole, l’énergie, la défense. En privilégiant des solutions de coopération, limitées si nécessaire aux seuls États volontaires, non dans une logique de noyau dur, mais de groupes pionniers permettant une intégration politique plus forte des États qui le souhaitent." Deux voix sont dissonantes. François Hollande propose de se restreindre à la zone euro, "le noyau dur du projet européen pour définir des objectifs ambitieux en termes de politique économique et de croissance." Et Bertrand Delanoë refuse les avancées à partir d'un noyau de pays : "l'’Europe doit être à la fois levier et accélérateur. En effet, l’efficacité de ces mesures pourra être décuplée si elles sont mises en oeuvre dans toute l’Union et si elles fondent ainsi un grand programme d’investissements publics."