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Blog d'un jeune social-démocrate ouvert sur le monde
16 juillet 2008

Réinventer la gauche : la contribution de Jean-Luc Mélenchon

Le premier à se lancer dans la défense de sa contribution sur ce blog est un militant de Trait d'Union. Jérôme Charge est une militant socialiste du XXème arrondissement de Paris. Il milite aussi au sein de Pour la République sociale association fondée par Jean-Luc Mélenchon. Il nous présente aujourd'hui la contribution Réinventer la gauche.

Je voudrais dire aux socialistes, avant de commencer ma présentation : ne faisons pas un congrès pour rien.
Le moment politique actuel devrait nous porter. Le libéralisme économique fait plus que trébucher : crise des subprimes, récession américaine, émeute de la faim, crise politique en Europe, écosystème en péril, inégalités sociales croissances. La côte de popularité du chef de l’Etat, seul commandeur de la droite, est en perdition. Un fort mouvement social avec 2 manifestations par semaine. Et pourtant, force est de constater que cela ne nous profite pas beaucoup.

Nous devons donc réinventer la gauche, pour offrir au pays une alternative politique. Notre responsabilité est immense, tant le peuple français attend de nous une réponse, mais aussi le peuple de gauche en Europe et dans le monde (notamment en Amérique Latine).

Evitons les combats de personnes ; la pipolisation de la politique nous dessert. Débattons sur le fond sur les grands sujets et dégageons une ligne politique en capacité à convaincre le peuple français.

La sociale démocratie est partout en impasse et détruit l’Etat social qu’elle avait elle-même construit. En Italie, la sociale démocratie s’est rangée derrière le démocrate Veltroni affirmant être réformiste et non de gauche. La déroute fut lourde face la droite berlusconienne et l’extrême droite italienne. En Allemagne, le SPD a préféré gouverner avec la droite plutôt que d’accepter un programme commun et majoritaire dans le bundestag avec l’autre gauche (Verts, Die Linke). En suède, elle a sèchement perdu. En Angleterre, l’ex-leader du New Labour, Tony Blair, « a toute sa place au gouvernement » selon Sarkozy…
En Amérique latine, la gauche se réinvente sans la sociale démocratie et parfois même contre elle.

Le grand danger de ce congrès est de voir confirmer la conversion du PS au courant démocrate. Et cette ligne se concentre sur quelques points essentiels.

1/ L’Europe

Le traité de Lisbonne est mort. Les irlandais ont voté non. Alors que fait-on ? Choisissons-nous la proposition de Poul Rasmussen, président du PSE, de faire revoter les irlandais jusqu’à ce qu’ils disent oui ? Ce serait en finir avec le projet démocratique. Ce n’est pas raisonnable.
Nous proposons que les prochains députés européens élus en juin 2009 reçoivent un mandat constituant pour écrire, enfin, des institutions démocratiques à l’UE.

Sujet concomitant à celui-ci, le projet européen bifurque vers le « grand marché transatlantique » entre l’UE et les Etats-Unis, sous l’impulsion des sociaux démocrates et de la droite européenne. Ce projet propose d’établir une nouvelle zone de libre échange avec harmonisation réglementaire et législative en ce sens. Le tout avec la création d’une assemblée transatlantique aux capacités législatives encore plus obscures que celles de l’actuelle assemblée européenne.
Je refuse ce projet et invite les socialistes à se saisir de celui-ci. Nos euro-députés se sont abstenus. Ce n’est pas une attitude tenable.

2/ La répartition des richesses

Le courant démocrate abandonne ce sujet pour y préférer la seule lutte, légitime certes, contre les discriminations. Il déclare finis la remise en cause des inégalités sociales.
La sociale démocratie allemande allonge jusqu’à 67 ans l’âge de départ à la retraite, la social démocratie danoise supprime l’impôt sur les grandes fortunes, nos camarades suédois et danois ont expérimenté la hausse de la TVA et la social démocratie anglaise bloque l’harmonisation sociale par le haut et fait triompher la semaine de 65h…

Nous devons dire comment nous allons financer toutes nos belles propositions tant en services publics qu’en prestations sociales et amélioration de l’existant. Depuis le début des années 80, la part des salaires dans le PIB a chuté de 10 points au profit du capital.
Le véritable réalisme de gauche consiste à expliquer comment nous allons faire pour récupérer le manque à gagner, nous permettant de dégager une somme considérable de 165 milliards d’euros.

3/ La question des alliances

Le centre n’existe pas. Il y a une gauche et une droite dans ce pays. Nous devons affirmer le principe fondateur du PS : l’alliance à gauche, rien que la gauche et sans exclusive. Il n’est pas vrai qu’une alliance laissée possible avec une partie de la droite, repeinte en centre, permette de proposer un projet social et démocratique fort. Nous perdons, par des alliances contre nature en cohérence politique (même si, pour le moment, cantonner au niveau local). Le peuple de gauche, surtout celui des couches populaires, ne se déplace pas jusqu’aux urnes. Voilà un enseignement terrible des dernières municipales marquée par une forte abstention.

La sociale démocratie européenne a largement tranché sur cette question des alliances : En Italie elle est représentée par un centriste, en Allemagne elle dirige avec la droite…

Pour réinventer la gauche nous devons inviter tous les partis de gauche à débattre autour d’assises du socialisme du 21ème siècle. En tant que parti majoritaire à gauche, c’set notre devoir que de tendre la main à partenaire. Nous ne devons pas souhaiter la mort des communistes ni créer des commissions suspicieuses contre Besancenot. Il n’a pas volé ces électeurs. Ce sont des gens de gauche qui se sentent méprisés par le PS avec ce genre de commissions.

4/ La question de l’Etat

N’aboyons pas avec la droite et les libéraux. Pour eux, l’Etat revêt tous les maux, leur permettant de faire reculer les services publics, les solidarités et les grands fondements de la République. Nous devons l’admettre, parfois, certains socialistes se sont prêtés à la diatribe. Dans ce contexte, beaucoup de français ont perdu de vue les vertus de l’Etat. Nous devons repartir à la reconquête idéologique des esprits.

Il existe un grand sujet intimement et aisément lié à l’intérêt général : l’écologie. Le peuple voit bien que le marché de la concurrence libre et non faussée ne pourra pas résoudre la grave crise écologique. Le système pourrait aboutir à l’extinction même de l’humanité. Nous sommes devant la plus forte contradiction du capitalisme.
Nous proposons une méthode : la planification écologique. Ainsi nous pourrons rétablir les vertus de l’Etat dans les consciences : celle du régulateur, du temps long, du protecteur et du redistributeur. Par ce biais nous l’aurons réhabilité permettant ainsi de réaliser une meilleure répartition des richesses.

La contribution évoque bien d’autres sujets comme ceux de la laïcité, de la 6ème République, de la nouvelle forme du parti en mouvement d’éducation populaire. Des raisons supplémentaires pour la lire.

Les lignes de fractures qui traversent la gauche partout en Europe et dans le monde sont présentes au sein même du parti socialiste. Ce congrès est l’occasion de les aborder par la raison et de les trancher par un vote en novembre. Pour permettre ce grand débat de fond entre ligne démocrate et socialisme républicain, nous invitons toutes les gauches du parti à se rassembler autour d’une motion commune en septembre.

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Commentaires
D
La gauche plurielle développe une idéologie du mouvement engageant toutes les cultures de la gauche, chacun apportant sa contribution à l'élargissement et à l'approfondissement du progrès social dans notre pays. pour cette raison le débat est important face à une droite toujours plus mordante, agressive et toute puissante.<br /> Gauche plurielle de toute la France unissez vous ! <br /> Rejoignez le débat de débattre un gauche un petit forum non aligné, libre et indépendant.<br /> http://debattreagauche.forumactif.com
M
Toujours en parler pour la situation interne du parti, comme s'il fallait éternellement le verouiller et rendre toute nouveauté, tout changement, toute nouvelle adhésion impossible..au nom de qui, au nom de quoi ?<br /> <br /> Pedant ce temps là..nos citoyens attendent autre chose, que l'on soit à leur côté dans les entreprises/dans les usines et au côté des syndicats..ainsi que dans les rues, sans oublier de redevenir une vraie force de proposition..et non un think tank destiné uniquement à faire du clonage, trouver des points de chute aux uns et aux autres, et à cultiver l'élu local..tout en se disant que finalement c'est pas idiot de ne pas être aux manettes, au niveau national.<br /> <br /> Arretons de parler de dérives de l'aile gauche ou de l'aile droite, arrêtons les propos faciles et biaisés, prouvons par les actes notre socialisme et par notre message auprès des citoyens...
M
Le courant démocrate est pleinement assumé par un homme : Manuel Valls. Ce dernier a signé la contribution de quelques barons locaux du PS : celle de Guérini et Collomb. Cette contribution est un exemple de dérive démocrate.<br /> <br /> Je pense que les signataires de cette contribution feront le roi du prochain congrès. Je pense même fortement qu’ils pourraient choisir Ayrault, lui aussi auteur d’une contribution régionaliste. Ce leader socialiste parait difficilement contestable (il est président du groupe à l’AN) et n’est pas un candidat à la présidentielle ni un cheval de Troie pour un autre. Certes, ce congrès serait une sorte de congrès du Mans, avec une synthèse plus démocrate encore…<br /> <br /> Analysons donc les textes sur quelques points. Je pourrais prendre le concept « d’égalité des chances », martelé dans plusieurs contributions : Aubry, Guérini, Mosco et Delanoë. Royal parle de l’égalité des possibles, formule empruntée à Giddens, père fondateur du blairisme (donc du courant démocrate européen). Nous savons que la chance n’est pas quantifiable et mesurable, qu’on ne peut se battre pour un pourcentage de chance (défendre un acquis social), etc… Le niveau de chance fait appel au sentiment plus qu’à la raison. Voilà pourquoi, à gauche, nous parlons d’égalité des droits, en bon matérialiste. Car un droit est mesurable et quantifiable. On peut le défendre en descendant dans la rue, l’améliorer, etc..<br /> <br /> En sus, dois-je rappeler que la droite a nommé une de ces lois : la loi « égalité des chances » ? 1er glissement de terrain, donc.<br /> <br /> Tu peux ajouter les fameuses primaires à l'italienne, la plus brillante illustration de la dérive vers le courant démocrate puisque ce processus à donner lieu à la création du Parti Démocrate de Veltroni. Le parti ne serait plus le lieu de l'élaboration d'une pensée critique, avec des militants formés et conscientisés (près à la lutte des classes). Il serait réduit à un club de supporter prompt à relayer les discours et les passages médias de leur poulin. Si bien que le vainqueur est presque toujours celui a le plus d'argent pour faire campagne (cf. Clinton vs Obama). Cette idée est présente chez Mosco, Chez Guérini/Collomb (citant même l'exemple italien), Delanoë y pense ("réfléchir au dialogue avec les électeurs pour le choix de son candidat") et Aubry est très vague sur le sujet.<br /> <br /> Je pourrais aussi parler des fameux appels à la diversités (ethniques bien entendu) sur les listes, à rendre le parti à l'image de la société (au niveau couleur de peau s'entend), les discriminations (ethnique et religieuse) sont horribles (ce qui est juste au demeurant) etc... C'est le 2nd arrivage de la ligne démocrate : celle du "we can change" d'Obama. Celui-ci est d'ailleurs cité positivement par plusieurs contribs.<br /> Le PS abandonne, petit à petit, sa grille de lecture "marxiste" ou jauressien : l'individu est pris dans sa dimension sociale et sa volonté d'écrire un intérêt général fortement social. Ce type de raisonnement rejoint celui de l'égalité des chances et de la répartition des richesses (qui n'est pas si centrale que cela dans les discours).<br /> Je rappelle que Giddens professait la disparition des classes sociales.<br /> Mais je vais reprendre les points que j’ai soumis dans le texte plus haut. <br /> Sur l’Europe, je ne vois pas se dessiner une quelconque remise en cause de son fonctionnement démocratique. Et pourtant le fonctionnement démocratique des institutions est essentiel pour un républicain, ce qu’est le PS depuis Jaurès. Au contraire, la plupart des contributions soutienne l’idée européenne sans forme de critique. Concernant le « grand marché transatlantique » les députés européens PS se sont simplement abstenus (Hamon compris) pour ne pas se couper des autres partis sociaux démocrates européens. La pente est donc prise. J’attends avec impatience une clarification là-dessus. Ne pas évoquer le sujet reviendrait à conserver la position actuelle. Pis, les incantations à s’aligner sur le PSE pourraient signifier un soutien au projet.<br /> <br /> Sur le traité de Lisbonne, même attitude d’esquive de la part des socialistes.<br /> <br /> 2ème point : les contribs de l’ancienne majorité évoquent le « mieux répartir les richesses ». Cela suppose qu’actuellement la répartition est bonne, puisque mieux est le superlatif de bon. Là encore, il s’agit d’une analyse démocrate : ne pas remettre en cause le système tel qu’il est mais uniquement l’adapter au mieux.<br /> <br /> De même l’instance mise sur la nécessaire création de richesses supplémentaires avant de les répartir est un alignement sur le discours actuel de la droite. Le gouvernement explique qu’on ne peut répartir plus. Tout gain ne fera que sur le surcroit de croissance. D’où le travailler plus pour gagner plus.<br /> <br /> La question des alliances est là aussi très emblématique des errances du PS. Qui parmi les ex-majo propose des alliances exclusivement à gauche ? Aucun. Et pour cause, ils ont tous passé (ou espéré en faire) des alliances avec le MoDem (S&D, Aubry, Guérini et Collomb). Delanoë, même s’il ne souhaite pas porter de jugement sur ces autres camarades, ne souhaite que des alliances à gauche. Je signe… Cette question ne semble toutefois pas si centrale que cela puisqu’il voit en Aubry, alliée au MoDem, une bonne 1ère secrétaire…<br /> <br /> Concernant la réhabilitation de l’Etat, je constate que beaucoup de contributions souhaitent une régionalisation du pays. Bien évidemment, je pense à Guérini/Collomb et à Royal. Il y a aussi Mosco et Aubry (les sociétés nationalisées seraient gérées par les régions).<br /> <br /> Un des slogans de Clinton (celui qui a créé la ligne fameuse ligne démocrate dont parle ma contribution) fut « ce que j’ai fait dans l’Arkansas, je le ferai pour le pays tout entier ». Royal a repris cette rhétorique lors de la campagne interne du parti avec son Poitou-Charente. Aubry s’aligne elle-aussi dans sa contribution avec son Nord-Pas-De-Calais cité à tout bout de champ.<br /> <br /> P.S. : merci d'avoir publié mon texte et de demander un complément d'information.
A
Merci Jérôme.<br /> <br /> Je suis d'accord avec toi pour que le Congrès de Reims devienne un vrai congrès de clarification. Mais je doute fortement qu'il y ait un vrai courant démocrate (et uniquement démocrate) au sein du Parti Socialiste. De fait, je vois mal comment tout ce que tu écris puisses se révéler juste.
M
Bon et bien, je vois que tout va bien : Pendant que vous réinventez la gauche, certains rebelles modems réinventent la démocratie ! Mais qu'est ce qui se passe ? Où sont les rassurants clivages ? <br /> ..Abadinte, je suis de ceux qui pensent que les frontières partisanes sont néfastes et bloquent certains rapprochements citoyens ;)
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