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Blog d'un jeune social-démocrate ouvert sur le monde
19 janvier 2009

Comment les entreprises se financent

La formation éducative française a une énorme lacune. Les mathématiques, la littérature, l'histoire et l'anglais sont privilégiés à une matière pourtant nécessaire au quotidien. En effet, dans notre système éducatif, les sciences économiques sont optionnelles en seconde tandis que la physique et les sciences naturelles, dont l'utilisation quotidienne (la dissection du crapaud est d'un usage quotidien) ne fait pas l'ombre d'un débat au sein de l'Education Nationale, sont obligatoires depuis le collège.

Résultat, les Français ne connaissent pas grand chose en économie. Alors qu'ils croient que l'économie est aussi simple qu'une équation : une baguette est égale à 0.90€ (je n'achète plus de pain ça coûte trop cher). Ils ne se doutent pas qu'en fait une baguette est égale à 0.90€ dont X% pour l'Etat, X% pour la farine, X% pour EDF, X% pour le sel, X% pour l'investissement des locaux etc... Bref, en économie, 1+1 fait rarement 2, souvent 3 et parfois 0. L'économie n'est pas une science exacte.

Donc, je vais aujourd'hui faire un travail pédagogique. Et vous parler de la façon dont les entreprises se financent. Contrairement à une personne lambda qui n'a que deux moyens pour se financer lors d'un achat important avec les banques et les amis, l'entreprise a énormément de moyens de se financer.

eurosLe premier des moyens s'appelle l'autofinancement. Et c'est le plus courant pour une entreprise en bonne santé financière. L'autofinancement tel que son nom l'indique parfaitement est l'utilisation des fonds de l'entreprise pour financer l'entreprise. L'argent gagné est réinvesti.

Le deuxième moyen pour une entreprise de se financer est d'aller voir son banquier et de lui demander un prêt. Cette façon de faire est très simple et facilement compréhensible pour une personne ayant déjà rencontré un banquier. Le banquier offre de l'argent en contrepartie d'une petite somme d'argent tous les jours/semaines/mois/trimestre/semestre/an (rayé la mention inutile) à un taux spécifique qui permet au banquier de se rémunérer du prêt contracté. Le taux d'intérêt est soit fixe et donc la somme à rembourser est fixe, soit il est variable et dans ce cas, la somme à rembourser est variable. Le banquier cherchant à maximiser son profit (il doit payer l'audi TT à sa femme et le yacht de son fils) fera tout pour gagner le plus d'argent sans vous ruiner. L'ennui du passage en banque pour se financer est qu'ensuite l'entreprise doit rembourser son prêt. Donc elle obtient plein d'argent frais mais est obligé par la suite de rembourser le prêt. A la fin du processus, l'entreprise est indépendante et, si l'argent a bien été dépensé, beaucoup plus riche.

Le troisième moyen pour une entreprise de se financer est de vendre une part de son entreprise. Et là il y a une multitude de moyens. L'entreprise peut : vendre des actifs (un immeuble), vendre une partie de son activité (les biscuits LU pour Danone), supprimer une gamme de produit (et les ressources humaines et les actifs allant de pair)... Ces moyens permettent à l'entreprise d'utiliser l'argent de la vente pour investir autre part et développer de nouveaux produits ce qui permettra à l'entreprise de se développer. L'avantage de cette solution est que le patron de l'entreprise garde le contrôle de son entreprise. Le désavantage de ce moyen de financement est que l'entreprise peut créer de la pauvreté en supprimant une activité. Par exemple, Danone a mis au chômage des milliers de petits LU lors de l'arrêt de la production des biscuits dans deux usine par la multinationale d'origine française. Puis l'entreprise a fini par vendre sa branche biscuit à l'américain Kraft Food. Croyez-le ou non, mais c'est un cas d'école.

economie_crise_mort_vieIl y a d'autres moyens que je qualifierais de plus radicaux. Le premier d'entre eux est de vendre tout ou partie le capital de son entreprise à une autre entreprise (Alitalia et Air France-KLM par exemple). Le deuxième est de vendre son capital à un particulier derrière un fond d'investissement (quasiment tous les acteurs du net se sont financés ainsi). C'est donc une entité extérieure qui rentre dans le capital et qui en tant qu'actionnaire de l'entreprise a un droit de décision à hauteur de son entrée dans le capital de l'entreprise. Au risque de prendre les décisions à la place du propriétaire? En effet, pour financer l'investissement de son entreprise, l'entrepreneur a vendu son entreprise au plus offrant. Résultat, il n'est plus maître chez lui... De la même manière, le dernier moyen est de vendre son capital dans une bourse d'échange, c'est ce qu'on appelle l'introduction en Bourse de l'entreprise. Et là, les boursicoteurs, spéculateurs, traders, cambistes spéculent sur le niveau futur de l'entreprise à la hausse ou à la baisse. Bref, non seulement l'entrepreneur n'a plus les mains libres pour prendre les décisions stratégiques de l'entreprise mais en plus ce n'est plus lui ou les résultats de l'entreprise qui décident de la valeur de l'entreprise mais des personnes qui espèrent obtenir un gain spéculatif sur l'entreprise. Il vient de vendre son entreprise au diable. Car s'il souhaite par la suite utiliser les fonds propres (cf. le premier moyen de financement d'une entreprise l'autofinancement) pour investir dans un nouveau produit, processus productif, usine etc., il n'en aura pas les moyens car les fonds propres serviront d'abord et avant tout à rémunérer celui qui était entré dans le capital de l'entreprise. L'entrée d'un nouvel actionnaire réduit donc la capacité d'investissement de l'entreprise au lieu de l'augmenter.

Voilà donc un petit cours d'économie de l'entreprise qui vous sera très utile lorsque vous vous demanderez comment financer votre entreprise. Enfin suivez cette maxime et vous aurez tout compris : "Choisissez la bonne solution et vous vous ferez du pognon, prenez la mauvaise option et vous n'aurez plus un rond".*

* Maxime bolchévico-castristebolchévico-castriste (ou pas).

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Commentaires
B
Est-ce que les dirigeants politiques français savent compter ? Est-ce que les prévisionnistes français savent compter ? Aujourd'hui, 19 janvier 2009, la Commission européenne vient de désavouer le gouvernement français et ses prévisions.<br /> <br /> France : le déficit public et le chômage exploseront en 2009, selon Bruxelles.<br /> <br /> Un déficit public de 5,4 % du PIB, un taux de chômage de 9,8 %, une récession à hauteur de 1,8 % du PIB : telles sont les prévisions de la Commission européenne pour l’Hexagone en 2009.<br /> <br /> Pour 2009, la France avait déjà annoncé qu’elle prévoyait un déficit important, de 3,9 % du PIB, soit bien au-delà des 3 % du produit intérieur brut (PIB), le maximum autorisé par Bruxelles. Les prévisions communiquées ce lundi 19 janvier par la Commission de Bruxelles défient tous les pronostics, avec un déficit pour la France annoncé à 5,4 % du PIB en 2009, et à 5 % en 2010. <br /> <br /> Quant au taux de chômage français, il grimperait, selon Bruxelles, de 7,8 % en 2008 à 9,8 % en 2009, et à 10,6 % en 2010. <br /> <br /> http://www.latribune.fr/actualites/economie/france/20090119trib000333309/france-le-deficit-et-le-chomage-exploseront-en-2009-selon-bruxelles.html
M
"j'ai contre les fonds de pension en ce qu'ils exigent des rentabilités absurdes et impossibles à tenir sur le long terme et qu'à terme ils sont le vieux contre les jeunes ce qui n'a aucun sens pour qui voit un peu plus loin que les 10 prochaines années."<br /> <br /> Oui mais là encore je vois pas ce qu'il y a à avoir contre les fonds de pensions.<br /> Un fond de pension n'a pas besoin intrinsèquement d'avoir 15% de rendement pour fonctionner. (d'ailleurs c'est sûrement le rendement qu'il faudrait si on accédait aux revendications des syndicats salariés concernant les retraites et le temps de travail). <br /> Les fonds de pensions qui restructuraient dans le sens de ces rendements se sont fourrés le doigt dans l'oeil et s'en rendent compte maintenant.<br /> Mais tout est une question de curseur et de vision.<br /> Si tel fond de pension exige que ses actions lui rapportent +50% sur 10 ans c'est pas irraisonnable. Alors que même 5% par an (en temps normal, parce qu'en ce moment c'est les soldes et ça compte pas ;) ), ça parait bête parce que c'est ignorer qu'à l'échelle de l'année les résultats ne peuvent que dans très peu de secteur d'activité être régulier.<br /> <br /> Sinon pour revenir à vendre [l'âme d'une entreprise au diable], rien n'empêche une entreprise qui a du cash de racheter des actions au profit d'un auto-contrôle, ou de voter des scénario d'émission d'action qui sont dissuasive (et suicidaire si elles se réalisent): genre si tel groupe décide d'acheter 50% de mes actions, j'en émets le double plus une et tant pis si la valeur et divisée par deux (voire plus), j'en garde le contrôle.
M
"juste toucher sa rente sans spéculer" il fallait lire "sans trop spéculer", car tout le monde spécule forcément:<br /> 1) Le gynéco (bon elle était facile).<br /> 2) La coopérative agricole qui va faire des réserves pour l'année prochaine au cas où la saison serait moins bonne. (spéculation à la hausse)<br /> 3) Le futur propriétaire qui se dit qu'il va attendre que les prix baissent pour acheter son appartement. (spéculation à la baisse)<br /> 4) La petite victime de la mode qui attend les soldes pour refaire sa garde robe. (spéculation à la baisse)<br /> <br /> Donc à moins d'avoir une politique de prix unique et stationnaire, tu ne peux pas enrayer la spéculation.<br /> Et la spéculation ne crée pas et ne fait pas perdre de valeur de toute façon, elle crée uniquement des oscillations (donc du gain ou de la perte virtuelle et temporaire) et donc déstabilise les cours.
R
je n'ai rien contre l'actionnariat. j'ai contre les fonds de pension en ce qu'ils exigent des rentabilités absurdes et impossibles à tenir sur le long terme et qu'à terme ils sont le vieux contre les jeunes ce qui n'a aucun sens pour qui voit un peu plus loin que les 10 prochaines années. mais bon comme ils viennent de s'éffondrer on peut espérer que notre bon président attendra un peu avant de les retenter.<br /> <br /> L'actionnariat en soi, je te rejoins Manu, n'est ni bon ni mauvais et, en effet, il n'est pas aussi "anti investissement" que ne le démontre pas du tout Abadinte tout perdu qu'il est dans des démonstrations qui n'en sont pas.
M
C'est sûr que, les entreprises côtées en bourses, sont celles qui investissent le moins.<br /> <br /> Je me marre (c'est sur que le marchand de tapis ou la boulangerie du coin elle investit vachement plus en recherche fondamentale que L'Oréal ou IBM).<br /> <br /> Et quand tu dis que la priorité des entreprises anonymes est de rémunérer les actionnaires:<br /> 1) C'est plus ou moins le cas pour toutes les entreprises, pas juste celle en bourse.<br /> 2) C'est pas forcément vrai, car par exemple quand le CAC était à 6000, il y avait peu d'entreprise du CAC dont le dividende dépassait le rendement d'un livret A, ce qui est pas énorme.<br /> 3) Tu confonds les actionnaires qui mettent des sous à long terme dans une boite pour toucher un dividende (bien mérité) -le placement du futur retraité ou du bon père de famille quoi- et les spéculateurs, qui s'en balancent du dividende car tout ce qui les importe c'est de faire 50% de PV en deux jours grâce à un détournement des produits dérivés pour produire des effets leviers à deux ou trois chiffres.<br /> <br /> C'est d'ailleurs assez drôle tous les gens de gauche (j'ai pas dit islamo-, robert) qui s'insurgent contre des éventuelles dividende en temps de crise et qui vont s'insurger après contre les comportements spéculatifs déstabilisant qui s'opposent complètement à la philosophie du "bon père de famille" qui veut juste toucher sa rente sans spéculer et qui va plutôt stabiliser l'économie car investir à long terme (> 5 ans, j'entends).
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