Comment les entreprises se financent
La formation éducative française a une énorme lacune. Les mathématiques, la littérature, l'histoire et l'anglais sont privilégiés à une matière pourtant nécessaire au quotidien. En effet, dans notre système éducatif, les sciences économiques sont optionnelles en seconde tandis que la physique et les sciences naturelles, dont l'utilisation quotidienne (la dissection du crapaud est d'un usage quotidien) ne fait pas l'ombre d'un débat au sein de l'Education Nationale, sont obligatoires depuis le collège.
Résultat, les Français ne connaissent pas grand chose en économie. Alors qu'ils croient que l'économie est aussi simple qu'une équation : une baguette est égale à 0.90€ (je n'achète plus de pain ça coûte trop cher). Ils ne se doutent pas qu'en fait une baguette est égale à 0.90€ dont X% pour l'Etat, X% pour la farine, X% pour EDF, X% pour le sel, X% pour l'investissement des locaux etc... Bref, en économie, 1+1 fait rarement 2, souvent 3 et parfois 0. L'économie n'est pas une science exacte.
Donc, je vais aujourd'hui faire un travail pédagogique. Et vous parler de la façon dont les entreprises se financent. Contrairement à une personne lambda qui n'a que deux moyens pour se financer lors d'un achat important avec les banques et les amis, l'entreprise a énormément de moyens de se financer.
Le premier des moyens s'appelle l'autofinancement. Et c'est le plus courant pour une entreprise en bonne santé financière. L'autofinancement tel que son nom l'indique parfaitement est l'utilisation des fonds de l'entreprise pour financer l'entreprise. L'argent gagné est réinvesti.
Le deuxième moyen pour une entreprise de se financer est d'aller voir son banquier et de lui demander un prêt. Cette façon de faire est très simple et facilement compréhensible pour une personne ayant déjà rencontré un banquier. Le banquier offre de l'argent en contrepartie d'une petite somme d'argent tous les jours/semaines/mois/trimestre/semestre/an (rayé la mention inutile) à un taux spécifique qui permet au banquier de se rémunérer du prêt contracté. Le taux d'intérêt est soit fixe et donc la somme à rembourser est fixe, soit il est variable et dans ce cas, la somme à rembourser est variable. Le banquier cherchant à maximiser son profit (il doit payer l'audi TT à sa femme et le yacht de son fils) fera tout pour gagner le plus d'argent sans vous ruiner. L'ennui du passage en banque pour se financer est qu'ensuite l'entreprise doit rembourser son prêt. Donc elle obtient plein d'argent frais mais est obligé par la suite de rembourser le prêt. A la fin du processus, l'entreprise est indépendante et, si l'argent a bien été dépensé, beaucoup plus riche.
Le troisième moyen pour une entreprise de se financer est de vendre une part de son entreprise. Et là il y a une multitude de moyens. L'entreprise peut : vendre des actifs (un immeuble), vendre une partie de son activité (les biscuits LU pour Danone), supprimer une gamme de produit (et les ressources humaines et les actifs allant de pair)... Ces moyens permettent à l'entreprise d'utiliser l'argent de la vente pour investir autre part et développer de nouveaux produits ce qui permettra à l'entreprise de se développer. L'avantage de cette solution est que le patron de l'entreprise garde le contrôle de son entreprise. Le désavantage de ce moyen de financement est que l'entreprise peut créer de la pauvreté en supprimant une activité. Par exemple, Danone a mis au chômage des milliers de petits LU lors de l'arrêt de la production des biscuits dans deux usine par la multinationale d'origine française. Puis l'entreprise a fini par vendre sa branche biscuit à l'américain Kraft Food. Croyez-le ou non, mais c'est un cas d'école.
Il y a d'autres moyens que je qualifierais de plus radicaux. Le premier d'entre eux est de vendre tout ou partie le capital de son entreprise à une autre entreprise (Alitalia et Air France-KLM par exemple). Le deuxième est de vendre son capital à un particulier derrière un fond d'investissement (quasiment tous les acteurs du net se sont financés ainsi). C'est donc une entité extérieure qui rentre dans le capital et qui en tant qu'actionnaire de l'entreprise a un droit de décision à hauteur de son entrée dans le capital de l'entreprise. Au risque de prendre les décisions à la place du propriétaire? En effet, pour financer l'investissement de son entreprise, l'entrepreneur a vendu son entreprise au plus offrant. Résultat, il n'est plus maître chez lui... De la même manière, le dernier moyen est de vendre son capital dans une bourse d'échange, c'est ce qu'on appelle l'introduction en Bourse de l'entreprise. Et là, les boursicoteurs, spéculateurs, traders, cambistes spéculent sur le niveau futur de l'entreprise à la hausse ou à la baisse. Bref, non seulement l'entrepreneur n'a plus les mains libres pour prendre les décisions stratégiques de l'entreprise mais en plus ce n'est plus lui ou les résultats de l'entreprise qui décident de la valeur de l'entreprise mais des personnes qui espèrent obtenir un gain spéculatif sur l'entreprise. Il vient de vendre son entreprise au diable. Car s'il souhaite par la suite utiliser les fonds propres (cf. le premier moyen de financement d'une entreprise l'autofinancement) pour investir dans un nouveau produit, processus productif, usine etc., il n'en aura pas les moyens car les fonds propres serviront d'abord et avant tout à rémunérer celui qui était entré dans le capital de l'entreprise. L'entrée d'un nouvel actionnaire réduit donc la capacité d'investissement de l'entreprise au lieu de l'augmenter.
Voilà donc un petit cours d'économie de l'entreprise qui vous sera très utile lorsque vous vous demanderez comment financer votre entreprise. Enfin suivez cette maxime et vous aurez tout compris : "Choisissez la bonne solution et vous vous ferez du pognon, prenez la mauvaise option et vous n'aurez plus un rond".*
* Maxime bolchévico-castristebolchévico-castriste (ou pas).