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Blog d'un jeune social-démocrate ouvert sur le monde
15 mars 2010

La guerre des transports en Ile-de-France

Ceci est un texte que j'ai écrit et qui a été publié dans l'Express.fr le 7 février dernier.

Chaque région a différentes missions à accomplir. De l'aide aux plus marginalisés à la construction des établissements scolaires et à la gestion du personnel non-enseignant, le réseau des transports reste l'enjeu le plus sensible en Ile-de-France.

Les allers-retours de la gestion des transports

L'histoire des transports en commun et de leur gestion est faite de nombreux allers-retours qui retardent leur développement. De la responsabilité de l'Etat jusqu'au 1er septembre 2005, le Syndicat des Transports d'Ile-de-France (STIF) est passé sous le contrôle de la Région Ile-de-France et Jean-Paul Huchon en est devenu son directeur.

Mais la loi du Grand Paris votée le 1er décembre 2009 par l'Assemblée Nationale revient en grande partie sur les prérogatives de la région Ile-de-France et uniquement celle-ci. En effet, la loi du Grand Paris recentralise la création de nouvelles lignes de transport en commun sur une large partie de l'Ile-de-France à peine 3 ans et demi après sa décentralisation.

Le Grand Huit lèse trois fois les Franciliens

Il n'est pas question ici de discuter la pertinence de changer 3 ans et demi après la promulgation de la loi, même si les incessants changements ne permettent pas de mener à bien la politique de transport qui a besoin de stabilité politique. Il a fallu tout de même 9 ans, de 1989 à 1998, pour construire la ligne 14 et 18 ans pour aboutir à la ligne 14 telle que nous la connaissons aujourd'hui.  La recentralisation a bien entendu un objectif purement politique pour l'ancien maire de Neuilly-sur-Seine. La construction du Grand Huit reliant les pôles universitaires et les lieux de concentration d'entreprises est la pyramide du Louvre de Nicolas Sarkozy. Mais ce projet lèse trois fois les Franciliens. D'abord, la Région Ile-de-France n'a plus autorité sur l'aménagement de l'ensemble de son territoire.   

C'est une distorsion d'égalité d'action avec les 21 autres régions françaises. Ensuite, l'Etat a lésé la Région en transférant à la RATP l'ensemble des actifs immobiliers des transports franciliens soit plusieurs milliards d'Euros d'actifs de la Région. Bien entendu, certains peuvent rétorquer qu'en échange de ces actifs, la région a reçu l'ensemble du matériel roulant. Mais ce matériel doit justement être changé car sa valeur diminue année après année au contraire de l'immobilier qui, s'il n'augmente pas, reste stable. Enfin, les actifs offerts à la RATP ne serviront pas à financer l'amélioration des lignes existantes ou à développer de nouvelles lignes mais à internationaliser l'entreprise. Ces actifs permettent pourtant à la Région de mener sa politique de développement des transports régionaux en les utilisant comme gage, auprès des banques, pour financer le développement des transports franciliens.

C'est d'ailleurs ainsi, qu'en seulement 3 ans et demi, la région a pu financer l'augmentation de l'offre de transport avec l'achat de trains pour les RER et les métros 12 et 13, la construction ou l'engagement de construire 9 projets de tramways, le prolongement de 4 lignes de métro, la mise à disposition de 60 lignes de bus pour handicapés, la création d'une navette fluviale, la suppression des zones 7 et 8, l'abonnement gratuit pour les personnes les plus marginalisées (les parents isolés, les allocataires du RSA, les bénéficiaires de la CMU) . En seulement 3 ans et demi, la Région Ile-de-France a davantage financé les transports en commun franciliens que l'Etat en 30 ans!

Malgré ces événements politiques, les 14 et 21 mars prochains, ce sera la première fois que les élections régionales seront aussi le moment pour départager les différents projets sur les transports en commun. En prenant comme base le dernier sondage paru, ne seront mis en exergue que les programmes franciliens de l'UMP, d'Europe Ecologie et du Parti Socialiste qui – vous vous en doutez bien – feront tout pour que les trains arrivent à l'heure, soient plus sûrs et confortables. De même, ils auront tous à coeur de prolonger des lignes de métro, RER, tramways et d'en créer de nouvelles comme une ligne de transport circulaire de banlieue à banlieue.

Faciliter la vie des Franciliens pour le Parti Socialiste

La liste menée par l'actuel président de la Région, Jean-Paul Huchon, souhaite continuer le travail entrepris depuis 2005. Ainsi, afin de faciliter les déplacements en Ile-de-France, Jean-Paul Huchon propose d'augmenter le nombre de bus Noctilien et d'aider les franciliens ayant des horaires décalés en avançant l'heure de début des transports en commun. Le Parti Socialiste souhaite faire pression sur la SNCF et la RATP pour qu'ils partagent le besoin de sécurité avec des agents dans les gares et stations. Afin d'améliorer le réseau de transport en Ile-de-France, Jean-Paul Huchon veut instaurer un système de navettes, les personnes pourront contacter un centre d'appel afin de les transporter. C'est une politique en direction des personnes à mobilité plus réduites et isolées afin de leur faciliter la vie, surtout en heures creuses. D'ailleurs les seniors auront désormais les mêmes droits et les mêmes tarifs de transports alors qu'ils variaient d'un département à l'autre.

Jean-Paul Huchon propose aussi de faire bénéficier la carte Imagin'R aux non salariés de moins de 26 ans. Par ailleurs les jeunes chômeurs bénéficieront de la gratuité des transports. D'autre part, le Parti Socialiste veut permettre à toute personne ayant un abonnement de voyager gratuitement dans tout le réseau francilien le week-end et de payer moins cher le stationnement dans les parkings près des gares. Ainsi le voyageur aura la possibilité de rejoindre la gare la plus proche sans se ruiner pour avoir laissé sa voiture au parking.

Enfin, la liste de gauche refuse la réalisation du Grand Paris.

Europe-Ecologie, le nouveau paradigme de la politique de transport

Pour Cécile Duflot, l'objectif principal est dans la réduction du temps de transport en rapprochant les Franciliens de leur lieu de travail. Cela passe par désenclaver les villes afin de les raccorder au réseau de transport urbain. Mais aussi de créer 300 centres de télé-travail afin que les personnes puissent travailler dans leur ville ou la ville d'à côté.

La liste Europe-Ecologie souhaite mettre en place un tarif unique d'abonnement à 65€ et supprimer l'ensemble des zones en Ile-de-France. Si certains y voient une manière louable d'agir pour les Franciliens les plus pauvres, qui sont éloignés des centres d'activité, cette proposition entre en contradiction avec la volonté de réduire les temps de transport. En effet, le prix serait identique pour aller travailler à la Défense qu'on habite à Corbeil-Essonnes ou à Provins. La différence serait de 45 minutes contre une amélioration certaine de la qualité de vie. On assisterait donc à un étalement urbain plutôt qu'au rapprochement des lieux d'habitation des Franciliens de leur lieu de travail.

Le collectif né des Européennes de 2009 souhaite mettre en place des tarifs "famille" et "groupe" sur le réseau francilien ainsi qu'un ticket à 1 euro, le soir après 20h et le week-end, sur l'ensemble de l'Ile-de-France.

Moins d'hommes, plus de machines, le credo de l'UMP

Du côté de l'UMP, la mesure phare est l'automatisation des lignes 1, 4 et 14 comme l'a annoncé Chantal Jouanno, tête de liste UMP à Paris dans 20 minutes.fr le 21 janvier. Bien entendu, cette proposition a fait jaser. La ligne 14 est déjà automatisée, la ligne 1 est en voie d'automatisation (les travaux ont commencé en 2007) et pour la ligne 4 c'est en projet depuis 2008. Néanmoins, l'objectif derrière cette automatisation est de laisser les métros fonctionner toute la nuit pendant les week-ends.

Valérie Pecresse milite pour le passage de 6 zones à seulement 2, ce qui ferait soit augmenter les subventions de la Région soit doperait le prix du ticket de transport pour ceux qui font des trajets proches. D'autre part, l'UMP propose de faire commencer l'abonnement le jour que l'on souhaite ce qui est surtout utile pour les touristes moins pour les Franciliens.

L'UMP va engorger les guichets et supprimer des postes dans les administrations

Le parti gouvernemental souhaite transformer les gares en multiservices avec des magasins qui ouvrent et ferment tôt et la création de points-relais pour les formalités en horaire décalé. Ils souhaitent que les guichets des transports en commun se transforment en accueil du service public où le Francilien pourrait, par exemple, retirer son courrier, déposer une main courante, retirer son passeport... De quoi engorger encore plus les guichets et supprimer des postes dans d'autres administrations: police, Poste...

Enfin, l'UMP voudrait régler la question de la sécurité dans les transports avec la vidéo-surveillance souhaitant augmenter le nombre de caméras dans la RATP. Malheureusement pour l'équipe de l'UMP, la surveillance vidéo à l'intérieur de la RATP reste sa prérogative. Pas de la région.

Ce qu'il faut retenir de ces programmes

Le programme de l'UMP marque la défiance envers la SNCF et la RATP. Lorsqu'à Noël dernier le personnel SNCF s'est mis en grève sur le RER A, le gouvernement actionnaire a refusé de négocier compromettant le Noël des Franciliens. Pourtant les deux autres mouvements sociaux de Noël avec les producteurs de lait et les camionneurs ont été réglés tambour battant par Bruno Lemaire et Christian Estrosi, respectivement ministres de l'agriculture et des transports. Chose étrange, transporteurs routiers et producteurs laitiers font partie des industries polluantes françaises. Copenhague et le Grenelle de l'Environnement sont bien loin, n'en déplaise à Chantal Jouanno, chargée de l'écologie au gouvernement! Cette défiance se retrouve dans le programme de l'UMP comme l'énorme proposition d'automatiser la ligne 14 ou de transformer les guichets des stations et gares franciliennes en succursales de l'administration française.

Le programme d'Europe-Ecologie conçoit les transports en commun comme un outil de sa politique d'aménagement du territoire afin de rapprocher les centres de vie des centres d'activité. La proposition de construire des centres de télé-travail partout en Ile-de-France en est un exemple concret.

Enfin le programme du Parti Socialiste permet d'abord aux Franciliens les plus marginalisés de pouvoir utiliser leur faible revenu à survivre en assurant l'essentiel comme un toit et de quoi manger plutôt que payer un abonnement Navigo. La politique de la région est d'être un bouclier social face à la crise. Ensuite le projet est d'adapter les transports en commun aux nouveaux rythmes de vie. Ceux qui souhaitent sortir tard le week-end pourront rentrer chez eux en métro sans avoir à se mettre en danger en prenant la voiture. De même, la famille pourra voyager dans toute l'Ile-de-France pour visiter les lieux culturels de la région gratuitement les week-ends et jour fériés s'ils ont un abonnement francilien.

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Commentaires
D
moi je veux bien poser le débat sur les transports en "Ile de France" mais à condition d'arrêter de biaiser le débat. En effet je vis à Toulouse, je paye dans mes impôts locaux, les transports de la Région d'Occitanie sud ho pardon de "Midi Pyrénées" et en plus dans mes impôts nationaux je paye pour les transport du Centre financier d'un Etat hyper centralisé et jacobin, qu'ai-je à y gagner.... je suis plus souvent à Marseille ou à Barcelone!!! juste pour mémoire et préciser les choses 90% des flux financiers en france se traite sur la seule place parisienne, 90 des budget de la culture va sur dix établissement parisien etc... si on veut parler d'égalité il faudrait peut-être commencer par parler des mensonges du jacobinisme et de la pseudo égalité des citoyens.... vive l'indépendance de l'ile de france et vive l'indépendance de l'Occitania; ds un état fédéral et européen.... le débat est ouvert
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